Recettes radars en baisse

Baisse des recettes des radars : bons comportements routiers ou vandalisme ?

Les chiffres des recettes des radars en 2019 sont tombés. Pour la deuxième année consécutive, ils sont en baisse. Crise des Gilets Jaunes, vandalisme des radars ou changement des comportements routiers, qu’est-ce qui justifie cette baisse ?

La Cour des Comptes a rendu son rapport sur le « contrôle de la circulation et du stationnement routier ». Au travers de ce document d’une cinquantaine de pages, elle établit une analyse de l’exécution budgétaire 2019. Il en résulte qu’il y aurait une tendance générale des automobilistes à un meilleur comportement routier. Une bonne nouvelle pour la sécurité routière !

Historique des radars automatiques

En 2003, l’État lance le déploiement des radars automatiques dans l’hexagone. Avec ceux-ci, une véritable politique de sécurité routière est lancée. Un seul objectif : faire baisser la mortalité, les accidents de la route et changer le comportement des automobilistes. Les radars sont installés sur des zones particulièrement accidentogènes où la vitesse est souvent mise en cause et où les contrôles humains sont compliqués à mettre en place. Le premier radar fixe a été inauguré en 2003 dans la ville du Bois dans l’Essonne sur la RN 20. Ils se sont depuis multipliés sur le territoire et ont la particularité d’être annoncés grâce à une signalétique en amont.

Flashé = sanctions à la clé

Après avoir été flashé par un radar automatique, une amende est envoyée par la poste. La sanction est automatique et difficilement contestable. L’excès de vitesse est puni d’une amende, d’un retrait de points et/ou de l’immobilisation du véhicule selon la gravité de l’infraction.

Pour connaître ce que vous encourez en cas d’excès de vitesse, retrouvez le tableau des contraventions dans cet article.

760 millions d’euros contre un milliard en 2017

L’année 2017 avait été une année record en matière de recettes des radars automatiques depuis leur mise en place en 2003. L’état avait encaissé près d’un milliard d’euros à l’époque. Depuis deux ans, cette tendance est à la baisse. En 2019, on dénombre 12,55 millions de contraventions qui ont rapporté 760 millions d’euros. Si les chiffres continuent de donner le vertige, la baisse en deux ans est tout de même significative. Certes, la crise des Gilets Jaunes est passée par là et avec elle, de nombreux radars ont été vandalisés et mis hors service. Mais d’après le rapport de la Cour des Comptes, ce n’est pas la seule explication à cette baisse. La Cour des Comptes a réclamé une « analyse à plus long terme » afin de pouvoir déterminer les véritables raisons de cette diminution des recettes continues depuis janvier 2018.

Une baisse des recettes liée à une baisse du nombre de radars

Le déploiement des radars automatiques a aussi connu un recul. En 2019, il y avait 4 094 radars en fonction contre 4 700 attendus, soit le nombre le plus bas depuis 2012. L’État se concentre sur le développement de nouvelles techniques de radar comme la vidéo-verbalisation, les radars furtifs ou embarqués. Pour mettre en place ces nouvelles méthodes, il a réduit le nombre de radars mis en place.

L’évolution des recettes depuis 2017

 

Recettes en M€ 2017 2018
(ce qui était prévu en LFI)
2019
(ce qui était prévu en LFI)
Recettes totales 1 978,2 1 750,9
(1 833)
1 649,1

(1 867)

 – Radars automatiques 1 013,2 864,35
(1 113)
759,7
(1 230)
  . Amendes forfaitaires 824,5 628,7
(928)
560,9
(1 036)
  . Amendes forfaitaires majorées* 188,7 181,7
(185)
198,8
(194)
 – Hors radars automatiques 965 886,55
(720)
889,3
(638)

 

Si on note un pic des incivilités routières en 2017, depuis l’installation de ces radars en 2003, les automobilistes ont tout de même réduit leur vitesse moyenne passant ainsi de 91 km/h à 80 km/h. Cette réduction de la vitesse a permis de sauver des vies, près de 23 000 en 10 ans entre 2003 et 2012 (Sources ONISR).

Le taux de paiement des amendes diminue de manière régulière. Le taux des amendes forfaitaires des radars est passé à 77,7 % entre juillet 2016 et juin 2017, à 76,1 % entre juillet 2017 et juin 2018, et à 74,8 % entre juillet 2018 et juin 2019. Pour le procès-verbal électronique (PVE), même constat : il est passé à 63,2 % sur la période de juillet 2016 à juin 2017, à 57,8 % sur la période de juillet 2017 à juin 2018, et à 56,6 % sur la période de juillet 2018 à juin 2019. Quant au taux de paiement au stade de l’amende forfaitaire majorée (AFM), pour le contrôle automatisé, il était de 25,8 % entre juillet 2017 et juin 2018, soit une baisse de 3,7 points par rapport à la période de juillet 2016 à juin 2017 (29,5 %).

Comment est utilisé cet argent ?

Ces recettes recueillies par l’Etat sont en grande partie réinvesties dans la lutte contre l’insécurité routière. Ainsi, ils peuvent implanter de nouveaux radars et faire évoluer la technologie. Cela sera notamment le cas en 2020 avec la phase test des radars furtifs. Des radars nouvelle génération qui promettent des contrôles plus nombreux pour réduire encore en masse le nombre de morts et de blessés sur les routes.

L’État, avec la loi de finances lancée depuis 2018, a fait le choix de la transparence sur ce sujet. 91,2 % de la recette des amendes issues des radars automatiques sont affectés à la lutte contre l’insécurité routière, à un niveau national et local.

Les recettes générées par les radars sont réparties entre trois destinataires :

  • l’Agence de financement des infrastructures de transports de France (AFITF)
  • les collectivités territoriales
  • la Délégation à la sécurité routière (DSR)

Ces recettes participent aussi au Désendettement de l’Etat : 8,8 % de la recette sont reversés au titre du désendettement de l’État.

Achat du CNT de Rennes pour 24 millions d’euros

L’État a également utilisé une partie de ces recettes pour acquérir le Centre National de Traitement de Rennes. Une dépense qui s’élève à 24,10 millions d’euros. Les locaux étaient auparavant loués et gérés par le prestataire Atos. Le documentaire “Radar, la machine à cash” révélait que la gestion des baux de location du CNT entraînait une facture annuelle de près de 300 000€. Un nouvel avenir s’ouvre dans la gestion des radars, du traitement des amendes et dans les recettes que l’État va encaisser.

Partager l'article

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Commencez à saisir votre recherche ci-dessus et pressez Entrée pour rechercher. ESC pour annuler.

Retour en haut