Renault fabrique-t-il les modèles de sa gamme en France ?

Le « made in France » est de plus en plus valorisé et le secteur de l’automobile ne fait pas exception. Selon un sondage IFOP, en 2018, déjà plus de la moitié de la population s’intéressait à la provenance de ses biens, dont la voiture fait partie. Nous nous intéressons aujourd’hui à Renault. Où sont fabriqués les modèles du constructeur tricolore ? Si la marque au losange fabrique essentiellement ses véhicules à l’étranger, 7 modèles sur 16 de la gamme actuelle continuent d’être assemblés en France. Explications.

Production des pièces et assemblage : quelle différence ?

Acheter un véhicule badgé Peugeot, Citroën ou Renault ne garantit pas que ce dernier a été produit ni même assemblé en France. Si le pays compte encore bon nombre d’usines automobiles, il convient de différencier les usines où sont fabriqués les équipements et pièces automobiles (boîtes de vitesse, moteurs…) des usines terminales qui sont, elles, dédiées à l’assemblage des véhicules.

Ainsi, de nombreux modèles sont assemblés en France mais avec des pièces importées d’autres pays dans lesquels les constructeurs sont implantés. En réalité, lorsque l’on évoque les voitures Made in France, il est alors bien souvent question de véhicules assemblés en France.

Renault : les modèles encore assemblés dans l’hexagone

La gamme électrique confiée à l’usine de Douai

Aujourd’hui, la marque au losange produit une partie de ses voitures à l’étranger, mais de nombreux modèles sont encore assemblés en France, et notamment dans les Hauts-de-France. En effet, Douai sera le berceau de la Mégane Electric (dès septembre 2021), d’un futur SUV (2022) et de la future R5 électrique (2023). Cette usine fabrique déjà des modèles du segment haut de gamme de Renault comme le Scénic, le Talisman et l’Espace.

Des utilitaires Made in France

Du côté des utilitaires Renault, il s’agit d’une “production 100% française”. C’est à Maubeuge, dans le Nord, que la Kangoo troisième génération va voir le jour. Le Renault Trafic est, quant à lui, assemblé dans l’usine de Sandouville en Seine-Maritime, tandis que son grand frère, le Master, sort de l’usine de Batilly, en Meurthe-et-Moselle.

Tour d’horizon des usines françaises où sont assemblés les véhicules de la gamme Renault

• Flins, Yvelines (78) : Renault ZOE (jusqu’en 2024) ;
• Douai, Nord (59) : Renault Scénic IV, Renault Espace V, Renault Talisman, Renault 5 Electric (dès 2023), Renault Mégane Electric (dès 2021) ;
• Sandouville, Seine-Maritime (76) : Renault Trafic III ;
• Maubeuge, Nord (59) : Renault Kangoo III ;
• Batilly, Meurthe-et-Moselle (54) : Renault Master III.

Où sont assemblés les autres modèles de la gamme Renault ?

Le reste de la gamme Renault est essentiellement assemblé en Europe, et notamment en Espagne, dans les usines de Palencia et Valladolid. La Renault Twingo III sort, elle, de l’usine de Novo Mesto, en Slovénie, pour des raisons budgétaires. Cela permet au constructeur de proposer son modèle d’entrée de gamme à un prix relativement bas. Quant aux autres modèles, ils proviennent pour la plupart de Corée-du-Sud ou du Maroc. Concernant le Koleos, assemblé dans l’usine coréenne de Busan, cela n’a rien d’étonnant sachant qu’il n’est autre qu’un Samsung QM6 rebadgé et principalement conçu pour le marché asiatique.

Les modèles Renault assemblés en Europe

• Renault Clio V : Novo Mesto, Slovénie et Bursa, Turquie ;
• Renault Twingo III : Novo Mesto, Slovénie ;
• Renault Captur II : Valladolid, Espagne ;
• Renault Mégane IV : Palencia, Espagne ;
• Renault Kadjar : Palencia, Espagne.

Les modèles Renault assemblés en Corée-du-Sud ou au Maroc

• Renault Arkana : Busan, Corée-du-Sud ;
• Renault Koleos II : Busan Corée-du-Sud ;
• Renault Twizy : Busan, Corée-du-Sud ;
• Renault Express Van : Tanger, Maroc.

Une chute du nombre de véhicules assemblés en France en 2020

D’après le cabinet d’analyse automobile Inovev, la France est le pays de l’Union Européenne qui subit la plus grosse baisse du nombre de véhicules fabriqués à l’intérieur de ses frontières. Sur les dix premiers mois de 2020, moins de 750 000 voitures sont sorties des usines françaises, ce qui représente une baisse de 47% par rapport à la même période l’année précédente. Les autres pays de l’Union Européenne accusent eux une baisse de -28% en moyenne. Certes, la crise sanitaire et l’arrêt des chaînes de montage pendant plusieurs mois justifient en partie ces chiffres, mais la France a également délocalisé en 2019 la fabrication de plusieurs de ses modèles les plus populaires.

Aujourd’hui, Renault a bon nombre d’usines hors de France mais continue d’assembler de nombreux modèles de sa gamme dans l’Hexagone. Cela est toutefois moins vrai en termes de volumes. Les plus grosses usines du constructeur sont situées en Turquie, au Maroc, en Espagne ou encore en Slovénie. Et cela concerne notamment les petites voitures de la marque au losange. Par exemple, la Clio, autrefois assemblée en France (Flins), est désormais partiellement fabriquée en Turquie (Bursa) et en Slovénie (Novo Mesto).

Pourquoi les constructeurs français délocalisent ?

Certes, cela peut s’expliquer en partie par l’internationalisation des ventes des constructeurs français, mais ce n’est pas la seule raison. La preuve, la production destinée au seul marché européen a elle aussi migré en dehors de l’hexagone. Nos entreprises françaises exportent la fabrication des voitures, des pièces détachées ou des équipements, notamment pour aller chercher de la main d’œuvre moins chère, mais aussi des cotisations sociales moins élevées notamment.

Le label « Origine France Garantie » BV Cert.7058971

Initiée par l’association Pro France, fondée par l’ancien sénateur Yves Jégo, cette certification vise à valoriser les produits fabriqués sur le sol français. Il est de fait plus fiable que le tampon « made in France ». Comment l’obtenir ? Il faut qu’au moins 50 % de la valeur des produits soient générés en France. En bref, pour qu’un véhicule obtienne le label, la majorité de ses pièces doivent provenir du territoire et il doit être assemblé dans l’Hexagone.

Les mentions « fabriqué en France » et « made in France » sont moins fiables et plus floues car elles peuvent être auto-attribuées.« Si une entreprise estime faire du made in France, elle peut l’indiquer sur son produit sans contrôle préalable » explique Julien Vialar, responsable de la certification. Le label, en revanche, nécessite des contrôles systématiques. Il n’est pas évident pour tous les constructeurs automobiles de s’y confronter. La preuve : aujourd’hui, sur le marché des automobiles « grand public », seuls les constructeurs Peugeot, Citroën et Toyota (dès 2012) en ont fait la demande.