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Les voitures-radars rapportent et se déploient

La voiture-radar privée, ça rapporte ! Certains départements affichent plus de 60 procès verbaux par jour quand d’autres enregistrent 800 excès de vitesse en 12 jours. On ne freine pas une affaire qui marche, les voitures-radars ont un bel avenir.

En 2013, l’Etat déploie la voiture-radar qui a pour mission de détecter en circulation, sans flash visible, les véhicules en excès de vitesse. En 2018, le gouvernement français a choisi d’externaliser la conduite des voitures-radars à des sociétés privées chargées de faire conduire par un conducteur unique ces voitures dans une région donnée. Le but: libérer du temps pour les forces de l’ordre et augmenter le temps d’usage des voitures-radar et ainsi assurer le respect des limitations de vitesse.

La voiture-radar, comment ça marche ?

Les voitures-radar, historiquement  appelées «équipement de terrain mobile (ETM)» ou «radar mobile de nouvelle génération», sont des appareils embarqués à bord de voitures banalisées, conduites par des gendarmes, des policiers en uniforme ou des sociétés privées habilitées par l’État. Elles permettent de flasher les conducteurs responsables de grands excès de vitesse. La marge technique de ces radars est de 10 km/h pour les limitations de vitesse inférieures à 100 km/h et de 10 % pour les limitations de vitesse supérieures à 100 km/h (contre 5 km/h et 5% pour les autres radars de contrôle de la vitesse).

Ainsi, seront flashés les véhicules roulant à partir de 146 km/h sur autoroute, 124 km/h sur une voie express ou 61 km/h en agglomération.
La particularité des voitures-radars est qu’elles ne sont pas signalées, elles sont banalisées et utilisent un flash infra-rouge, non-visible pour les usagers flashés. On les retrouve sur des axes déterminés par les services de l’Etat, sous la coordination des préfets de département, principalement sur les portions de route où sont relevées des vitesses excessives qui sont à l’origine d’accidents et sur tous les types de réseaux (autoroutes, routes nationales, départementales ou communales). Les modèles de voiture-radar sont variés. Il y a eu la Peugeot 308 mais on retrouve aussi des Dacia Sandero, des Seat Leon, des Ford Focus, tous types de véhicules qui ont été utilisés par les forces de l’ordre car la priorité est donnée à la récupération.

Lorsqu’une voiture-radar flashe un véhicule, les données enregistrées sont envoyées directement et de façon cryptée au Centre National de Traitement des infractions à Rennes. Dès lors, des policiers et des gendarmes analysent les clichés et décident de l’envoi ou non d’une contravention pour l’excès de vitesse commis.

Les voitures-radars roulent à la vitesse maximale autorisée. Les conducteurs de ces voitures ont l’obligation contractuelle de circuler à une vitesse adaptée dans le flot normal de circulation. L’employeur du chauffeur, titulaire du marché, s’expose à une lourde pénalité contractuelle (1 000 euros par jour et par voiture) si une voiture-radar circule à une vitesse anormalement basse, notamment dans le but d’inciter les autres véhicules à la dépasser en commettant un excès de vitesse.

Comment travaillent les sociétés privées ?

Les sociétés privées sont recrutées suite à la réponse à un marché public lancé par l’Etat pour mettre à disposition des conducteurs pour les véhicules radars qui sont la propriété de l’Etat. Une fois le contrat signé entre la société et le ministère de l’intérieur, elle peut recruter des conducteurs pour les voitures-radar. Les circuits sont fixés par l’Etat et les conducteurs ont huit heures par jour pour les parcourir. Quand elles ne sont pas en service, les voitures-radars sont stationnées sur des sites de police ou de gendarmerie.

La rémunération des sociétés privées se fait en fonction du nombre de kilomètres de contrôle effectif parcourus déterminés par la délégation à la sécurité routière en lien avec les préfectures. La voiture-radar doit effectuer le nombre de kilomètres exact fixé par l’Etat. Dans le cas où le conducteur effectue moins de kilomètres que prévu, la rémunération est diminuée d’autant. Dans le cas inverse, la société ne verra pas sa rémunération augmentée et en plus elle devra payer une lourde amende.

Que deviennent les données récoltées par les sociétés privées ?

A l’heure où nous nous inquiétons de plus en plus du devenir de nos données personnelles, nous pouvons justement nous demander ce que font les sociétés privées des éléments recueillis. Il est donc bon de savoir que ni le conducteur ni l’opérateur n’ont accès aux données enregistrées par les voitures-radars. Les données sont seulement accessibles par les services de l’Etat. Seul le CACIR (Centre Automatisé de Constatation des Infractions Routières) a connaissance des clichés d’infraction et du nombre de contraventions constatées grâce à une voiture-radar. La procédure est donc très cadrée.

Où circulent les voitures-radars ?

Actuellement en France, 83 voitures-radars circulent sur le territoire. Elles sont plongées incognito dans la circulation. On en compte 26 en Normandie, là où elles ont été déployées à leurs débuts en 2018. Puis la Bretagne a rejoint la démarche et il y en a 18 en circulation. Les Pays de la Loire en accueillent 19 et 20, pour le département Centre-Val de Loire. Devant l’efficacité et aussi le gain qu’apportent ces voitures-radars, leur développement est bien évidemment au programme. D’ici fin 2021, il y aura 40 voitures pour le Grand-Est, 33 pour les Hauts-de-France, 24 en Bourgogne-Franche-Comté et 45 en Nouvelle-Aquitaine. La mesure devrait être généralisée d’ici 2023.

Le montant de l’infraction

On retrouve les mêmes amendes que dans un radar cabine:

  • inférieur à 20km:h, 68€ et 1 point en moins
  • de 20 à 29 km:h, 135€ et 2 points en moins
  • de 30 à 39 km/h, 135€ et 3 points en moins, 3 ans de suspension de permis
  • de 40 à 49 km/h, 135€ et 4 points en moins, 3 ans de suspension de permis
  • plus de 50 km:h, 1500€ et 6 points en moins, 3 ans de suspension de permis

Une affaire qui marche

Les voitures-radars vont être de plus en plus nombreuses dans les mois et années à venir. Pourquoi ? Le résultat est là ! Elles flashent beaucoup et rapportent donc beaucoup. Pour exemple, le préfet des Deux-Sèvres, Emmanuel Aubry a déclaré que  les voitures-radars privatisées de son département avaient enregistré pas moins de 793 excès de vitesse entre le 16 et le 28 août 2012, dont 64 supérieurs à 20 km/h soit 66 véhicules flashés par jour. Cela représenterait plus de 1000 procès verbaux par mois par voiture-radar. Pas étonnant alors que l’Etat fasse bondir le nombre de véhicules conduits par des sociétés privées pour contrer les excès de vitesse sur nos routes. Dans ce département en particulier, les voitures-radars ont été déployées pour réduire le nombre d’accidents liés à la vitesse. Entre le 1er juin et le 24 août dernier, il s’y est produit 62 sinistres corporels, contre 58 en 2019 et 49 en 2018 sur la même période. Le nombre de blessés a augmenté, passant de 61 à 79 entre 2019 et 2021, mais le nombre de tués a diminué en tombant de 14 à 5.

Le ministère de l’Intérieur avait indiqué au printemps dernier que les voitures-radars avaient chacune une moyenne de 322 procès verbaux alors principalement conduites par les forces de l’ordre. Le fait d’avoir des véhicules conduits par des prestataires privés permet d’augmenter le temps sur la route, le rendement et donc de relever davantage d’infractions. D’après la ligue de défense des conducteurs, chaque véhicule conduit par un conducteur privé rapporterait près de 200 000€ par an à l’Etat toutes charges déduites (hors achat du véhicule). soit 20 fois plus qu’une voiture-radar conduite par les forces de l’ordre. Toujours d’après cet organisme, les voitures-radars privées feraient 2,09 PV/heure contre 0,46PV/H pour les véhicules de l’Etat. Le chiffre d’affaires par voiture-radar est de 12 600 € lorsqu’elle est utilisée par les gendarmes alors que la flotte compte 362 véhicules. À l’inverse, une voiture-radar privée en circulation en 2020 a permis de récolter 262 240 €. Sans aucun doute, il s’agit d’une affaire qui marche ! D’ici à la fin de l’année 2021, le Gouvernement va multiplier par 6 le nombre de voitures-radars externalisées, soit 223 véhicules bientôt sur nos routes.

« Le potentiel chiffre d’affaires annuel s’élève à plus de 47 millions d’euros.« A terme, avec 450 véhicules on s’envole à 118 millions d’euros », note la Ligue de Défense des Conducteurs

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6 commentaires pour “Les voitures-radars rapportent et se déploient

  1. Entre le prix des carburants qui s’envolent et les pompes à fric, on devrait tous poser nos voitures, aller vivre à côté du boulot. L’état perdrait ainsi toutes les taxes.
    Salutations

  2. Quand un pays en est réduit à ça, pas étonnant alors que la confiance dans ses institutions décline soit si peu élevée

  3. Inutile de crier au scandale, au racket, à la dictature routière, etc…nos décideurs s’en balancent notre seul recours c’est d’aller voter et de change le Président et ceux qui l’accompagnent !

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