Le moteur thermique: en fin de vie ?  

La fin du thermique sera-t-elle réellement pour 2035 en Europe comme le prévoit la Commission Européenne ? Une chose est sûre, de manière mondiale, il existe tout de même une chasse au moteur thermique au profit du développement des véhicules propres. 

Les constructeurs automobiles sont contraints depuis plusieurs années par des normes de plus en plus strictes en termes d’émissions de CO2 et de polluants en tous genres. Cela a pour conséquence de les encourager à innover. Ainsi, ces dernières années, les voitures thermiques sont de plus en plus performantes. Pour autant, la Commission Européenne a sorti un plan environnement qui prévoit d’interdire la vente de voitures essence et diesel à horizon 2035. 

En France, 8 milliards d’euros d’aides

En mai dernier, le Président de la République a dévoilé un plan de soutien à la filière automobile suite à la crise sanitaire qui a touché de plein fouet ce secteur de l’économie française. Ce plan, de plus de 8 milliards d’euros, prévoit de rendre l’industrie plus compétitive et décarbonée. La volonté est claire, il s’agit aussi de s’inscrire dans le plan de la Commission Européenne pour le renouvellement des parcs automobiles en faveur des véhicules propres. Dans le détail du plan d’aide, 525 millions d’euros d’investissements sont destinés à la consolidation et au renforcement des fonds propres de la filière, 200 millions d’euros ont été crédités en 2020, et 600 millions d’euros sur les 3 ans à venir, pour la modernisation et la décarbonation de l’outil productif et enfin 150 millions d’euros d’aides sont destinés à la R&D (recherche et développement) et à l’innovation du secteur. La France veut rester une grande nation de l’automobile et être précurseur dans le développement du moteur électrique et du véhicule autonome. 

Pour booster l’investissement en faveur des véhicules propres, le gouvernement propose depuis le 1er juillet 2021 les mesures suivantes et le barème sera abaissé de 1 000 € (à nouveau) le 1^er janvier 2022: 

• bonus de 6 000 € pour l’achat d’un véhicule électrique d’une valeur inférieure à 45 000 € pour les particuliers.
• bonus de 4 000 € pour l’achat d’un véhicule électrique pour les flottes d’entreprises : véhicule particulier ou utilitaire léger d’une valeur inférieure à 45 000 €.
• mise en place d’un bonus de 1 000 euros pour l’achat de véhicules hybrides rechargeables pour les véhicules d’un montant inférieur ou égal à 50 000 €.
• prime à la conversion de 3 000 € pour les ménages modestes pour l’achat d’un véhicule thermique et de 5 000 € pour l’achat d’un véhicule électrique ou hybride rechargeable.
• assouplissement du critère d’éligibilité pour la mise au rebut du véhicule, en incluant les Crit’air 3 pour les ménages « très modestes » et Crit’air 4 pour les autres.
• déploiement de bornes de recharge électrique pour arriver à 100 000 bornes en 2022.
• les collectivités locales proposent des avantages à l’usage des véhicules en mode électrique zéro émission (gratuité des parkings publics, utilisation de voies réservées etc.).

La chasse aux moteurs thermiques 

Voilà quelques années que l’on ressent clairement la tendance et que l’on devine que nos véhicules diesel et essence sont de moins en moins les bienvenus. La vignette Crit’air, le développement des zones à faibles émissions, l’interdiction dans les centres-villes de certains types de véhicules… autant de mesures qui mettent la puce à l’oreille. En juillet dernier, la Commission européenne a proposé de viser une interdiction à la vente des voitures essence, hybrides et diesel en 2035. La Norvège est précurseur dans le domaine car Oslo prévoit que toutes les voitures neuves soient zéro émission dès 2025. La Suède et les Pays-Bas, ont, eux, annoncé une échéance à 2030. De son côté, les Etats-Unis prévoient une limitation à 50% de la part de marché de la voiture thermique à horizon 2030, les autres 50% devront être “sans émissions” tout en laissant la porte ouverte aux véhicules entièrement électriques ou à hydrogène, mais aussi aux hybrides rechargeables ayant donc toujours un moteur à explosion . Pour le Royaume-Uni, Singapour et Israël, la projection se fait également sur 2030 avec une interdiction des ventes de nouveaux véhicules essence et diesel. Le Canada vise, quant à lui, 2030 pour interdir totalement la vente de moteurs thermiques. Du côté asiatique, grand berceau de l’automobile aussi, l’industrie automobile a pris de l’avance, bénéficiant déjà depuis 2010 d’aides publiques pour le développement de nouvelles énergies. Ce n’est pas pour rien que Toyota est numéro un dans les voitures hybrides. Pour autant, la Chine, par exemple, n’a pas donné de date butoire pour la disparition des véhicules thermiques, elle vise pour 2025, 20 % de véhicules fonctionnant aux « énergies nouvelles » (électrique, hybride, pile à combustible) puis une démocratisation d’ici 2035. Le Japon, par contre, affiche un programme clair avec une interdiction de véhicules neufs à essence ou diesel d’ici le milieu des années 2030. Seuls les véhicules électrifiés (incluant toutefois les véhicules hybrides, dont Toyota est le champion mondial) seront autorisés sur le marché neuf. Il semble évident qu’une nouvelle révolution automobile mondiale est en marche. 

Des pays émergents en faveur de l’électrique 

L’électrique fait mouche partout dans le monde. D’ailleurs, malgré la crise sanitaire mondiale qui nous touche depuis 2020, les véhicules électriques sont ceux qui tirent le plus leurs épingles du jeu sur le marché de l’automobile. Il semble y avoir eu une réelle prise de conscience mondiale autour du climat, de l’environnement et des actions à mettre en œuvre pour les préserver. Ainsi, des pays comme l’Inde qui souffre d’une forte pollution atmosphérique vise 30 % de ventes électriques en 2030, selon l’AEIA. Le Cap-Vert table carrément sur 100% de véhicules électriques en 2035 et en Amérique Latine, continent aussi très touché par la pollution où beaucoup de vieux véhicules circulent, la date est fixée à 2050.