Compteurs trafiques

Fraude au compteur kilométrique : trois marques allemandes en tête du classement

La fraude au compteur kilométrique est malheureusement une pratique encore très courante en Europe. La société spécialisée dans l’historique des véhicules d’occasion Carvertical a établi un classement des véhicules les plus touchés et des pays européens les plus concernés. En tête du peloton, trois marques allemandes.

L’escroquerie au compteur kilométrique est un véritable fléau en Europe, notamment depuis l’ouverture des frontières. Cela a permis aux professionnels comme aux particuliers malveillants de revendre des véhicules trafiqués pour leur donner une seconde jeunesse. Carvertical a publié un classement des véhicules les plus souvent trafiqués aux compteurs entre octobre 2019 et octobre 2020, ainsi qu’une comparaison des cas de voitures aux compteurs trafiqués par pays.

Compteurs trafiqués : les 15 modèles les plus touchés

Dans le classement des voitures dont les compteurs ont été le plus fréquemment trafiqués entre octobre 2019 et octobre 2020, les marques allemandes BMW, Audi et Volkswagen occupent les dix premières places. On retrouve notamment en tête six modèles du constructeur BMW. On découvre alors que les voitures les plus touchées sont de grandes routières haut-de-gamme. Un résultat assez logique sachant que ces voitures, très recherchées en Europe, sont généralement amenées à parcourir un grand nombre de kilomètres.

 

Classement Marque Véhicule Pourcentage de toutes les voitures analysées qui ont été trafiquées
1 BMW BMW 7 Series 34,00%
2 BMW BMW X5 29,50%
3 BMW BMW 5 Series 27,50%
4 BMW BMW 3 Series 21,00%
5 BMW BMW X3 17,10%
6 BMW BMW 1 Series 16,20%
7 Audi Audi A6 10,10%
8 Volkswagen Touareg 7,90%
9 Audi A5 6,90%
10 Mercedes E-Class 6,70%
11 Volkswagen Passat 6,70%
12 Skoda Superb 6,30%
13 Audi A4 6,30%
14 Skoda Octavia 6,30%
15 Volkswagen Transporter 6,10%

Source : Carvertical

Afin d’obtenir ces données puis établir ce classement, Carvertical a mené une véritable enquête. La société a notamment vérifié l’historique des voitures par VIN. “Les données ont été recueillies à partir de la vaste base de données de carvertical. La liste indiquait le pourcentage de voitures aux compteurs trafiqués par modèle – sur la base de tous les modèles de voitures analysés. Plus d’un demi-million de rapports ont été analysés au cours des 12 derniers mois (d’octobre 2019 à octobre 2020). Carvertical a recueilli des données sur différents marchés dans le monde entier, y compris : Pologne, Roumanie, Hongrie, France, Slovénie, Slovaquie, République tchèque, Lettonie, Bulgarie, Ukraine, Serbie, Allemagne, Croatie, Russie et États-Unis d’Amérique. »

Comparaison par pays : la Roumanie en tête

L’enquête menée par Carvertical étudie également la fraude au compteur kilométrique d’un point de vue géographique. En France, un peu plus de 3 % des véhicules auraient des compteurs trafiqués. En tête des pays les plus touchés par ce fléau, on retrouve la Roumanie avec 11,5 % des cas. Elle est suivie de près par la Lettonie (10,5%) puis par la République Tchèque (7,74%). Sur les 15 pays présents dans ce classement, on retrouve essentiellement des pays d’Europe centrale et orientale. La Bulgarie, en revanche, occupe la dernière du classement avec 2,99%.

Comment reconnaître un compteur trafiqué ?

Le marché de l’occasion a le vent en poupe en Europe et malheureusement les fraudes aussi. En France, ce sont près de 6 millions de transactions qui se font sur de l’occasion, dont 4 millions entre particuliers. Sur ce marché florissant, il est très tentant pour les personnes malveillantes de procéder à des escroqueries pour augmenter leurs ventes et leur rentabilité. Dans ce contexte, les arnaques aux compteurs prennent de l’ampleur. On estime que chaque année, environ 600 000 voitures d’occasion font l’objet d’une arnaque au compteur kilométrique, soit 10% des voitures d’occasion vendues.

Rechercher l’historique d’un véhicule

Pour contrer cette fraude, la France et d’autres pays européens ont développé des plate-formes informatiques qui permettent de retracer l’historique du véhicule. En France, il existe notamment le site Autorigin. Dans un rapport publié par ce site, vous pouvez obtenir une estimation du kilométrage établie en fonction du modèle et de l’utilisation, grâce à la plaque d’immatriculation. Cette estimation kilométrique se base sur pas moins d’une centaine de critères dont :

  • L’ensemble des modèles du même type dans le parc français ;
  • Le lieu d’enregistrement du véhicule (département) ;
  • Le type géographique (plaine, littoral, ..) ;
  • Le conducteur (société, particulier, loueur, taxi, auto-école…) ;
  • Le nombre d’années en circulation ;
  • La motorisation du véhicule.

Rester vigilant

La fourchette kilométrique indiquée dans le rapport d’Autorigin permet ainsi au potentiel acheteur de se méfier d’un chiffre trop bas lors de l’achat de son véhicule d’occasion. Attention toutefois, malgré cette vérification, certaines manipulations restent malheureusement indécelables. Des indices peuvent cependant mettre la puce à l’oreille quant à la véracité du chiffre affiché au compteur :

  • L’absence de factures d’entretien ;
  • Un prix inférieur à la côte argus ;
  • Une voiture en provenance d’Allemagne où les fraudes sont nombreuses et les chiffres revus à la baisse dans 50 à 80% des cas ;
  • Sur un compteur à rouleaux, il convient de surveiller le bon alignement des chiffres. S’ils sont décalés, ils sont susceptibles d’avoir été trafiqués ;
  • L’état intérieur de la voiture : caoutchoucs des pédales, volant, pommeau de levier de vitesse et sellerie. Un état avancé vous indiquera que la voiture n’est pas de toute première jeunesse ;
  • L’état de l’huile peut aussi révéler l’état du moteur.

L’idéal est donc d’acheter une voiture d’occasion première main, dont le propriétaire est le vendeur, avec l’ensemble du carnet d’entretien et des factures. Vous accéderez ainsi facilement à l’historique entier du véhicule. Vigilance tout de même car les documents aussi peuvent avoir été falsifiés. Si le carnet d’entretien est rempli trop méthodiquement, avec la même écriture, le même tampon, avec la même couleur d’encre, et une signature toujours identique, il y a des chances que ce dernier soit passé entre les mains d’un arnaqueur. Pour vous rassurer, vous pouvez appeler les concessions et les garagistes mentionnés qui pourront vous confirmer, ou non, le passage de la voiture dans leurs locaux.

Le concessionnaire peut également brancher une valise de diagnostic et de contrôle sur la voiture afin de fouiller dans la mémoire du véhicule, et ainsi vous informer s’il y a un risque de fraude ou pas. Vous pouvez également, sur demande auprès de L’UTAC (Organisme technique central), obtenir les kilométrages relevés lors des contrôles techniques. Cet organisme a en charge le contrôle technique en France. C’est un droit. Pour obtenir ces informations, il vous faudra fournir les pièces prouvant que vous êtes bien le propriétaire du véhicule. Cette demande peut se faire directement sur le site internet de l’UTAC.

 

Comment les compteurs sont-ils truqués ?

Fabien Cohen Solal, Fondateur d’Autorigin explique que « pour trafiquer les compteurs des voitures, les vendeurs malveillants s’équipent d’un boîtier électrique que l’on trouve très facilement sur Internet. Il est alors primordial de consulter l’historique du véhicule pour garantir une transaction sereine. ». Le prix de ce boîtier se situe entre 150 et 300€, et est donc facilement accessible aux arnaqueurs. L’affaire est d’autant plus rentable que pour chaque tranche de 10 000 kilomètres trafiqués, c’est à peu près 1 000 euros de plus pour l’acheteur et autant dans la poche du vendeur. On estime les fraudes aux compteurs à plus de 50 000 kilomètres, ce qui représente plus de 5 000€ pour le vendeur. L’arrivée du compteur numérique aurait pu ralentir les fraudes, mais cela a été le contraire. Les malfrats ont trouvé des parades encore plus faciles à réaliser pour falsifier les compteurs… Alors, la prudence est de mise !

Pour rappel, la baisse du kilométrage d’un véhicule est un délit en France, considéré comme délit de tromperie, sanctionné par l’article L213-1 du code de la consommation. Il  est passible de 2 ans d’emprisonnement et de 37 500 € d’amende.

 

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