Renaulution
Crédit Photo : GROUPE RENAULT

Renault fait sa Renaulution

Le nouveau directeur général de Renault, Luca De Meo, voit les choses en grand et promet une révolution pour le groupe dans les années à venir. Un plan stratégique baptisé Renaulution. Au cœur de ce projet, le duo Dacia-Lada. Le low-cost a de belles heures devant lui.

Scellée en 1999, l’alliance entre Renault et Nissan leur a permis de monter en puissance sur le marché de l’automobile. Après la signature de l’accord, Renault est devenu premier actionnaire de Nissan. Le succès était au rendez-vous jusqu’à l’arrestation en 2018 de Carlos Ghosn, qui a quelque peu terni l’image du groupe. Après un mariage raté avec Fiat-Chrysler, qui a finalement choisi Peugeot-Citroën, Renault sort la tête de l’eau et entend bien se démarquer de la concurrence.

Un groupe fortement touché par la crise sanitaire

Le secteur de l’automobile fait partie des domaines économiques particulièrement touchés par la crise sanitaire de 2020. Renault a perdu 7,3 milliards d’euros rien qu’au premier semestre. Les ventes ont chuté de 21,3% au niveau mondial, les marques du groupe étant très exposées dans les pays qui ont été les plus sévèrement confinés.

Pour permettre au groupe de survivre, Luca De Meo, directeur général de Renault, avait annoncé en mai dernier un plan d’économies de plus de 2 milliards d’euros sur trois ans, prévoyant quelque 15.000 suppressions de postes dans le monde. Début janvier, le patron de la marque au losange annonçait une nouvelle coupe budgétaire mais cette fois-ci, sans nouveau licenciement. Les coupes budgétaires étant faites, il s’agit désormais de rationaliser la production en passant de huit à quatre familles de moteurs, allant de 45 à 400 chevaux, et de six à trois plateformes (châssis). Le but ultime : 3% de marge opérationnelle d’ici à 2023 et 5% de marge d’ici 2025.

Horizon 2025

Renault a dévoilé sa feuille de route de Renaulution automobile jusqu’en 2025. Le monde automobile est en transition. Les nouvelles règles fixées par les gouvernements et par l’Europe sont en faveur du développement de l’électrique et de l’hybride. L’objectif zéro émission ou en tout cas la diminution de l’empreinte carbone sont dans tous les esprits. Pour s’adapter et répondre aux nouvelles normes plus strictes, les marques automobiles doivent intégrer cela dans le développement et la recherche de leurs futurs modèles. Et Renault l’a bien compris.

En lançant son opération Renaulution, le groupe de Luca De Meo montre qu’il est bien présent dans cette dynamique et que la concurrence n’a qu’à bien se tenir. Celle-ci repose sur trois piliers :

  • La mise en place du « Software République », un écosystème visant à garantir la mobilité de la prochaine génération. Il s’agit de développer une expertise en intelligence artificielle et en cybersécurité ;
  • Renault veut être le leader de la transition énergétique grâce aux plateformes spécifiques CMF-EV et CMF-B-EV, ainsi que des solutions hydrogènes pour des véhicules légers. Renault affirme également vouloir réduire les émissions et le cycle de consommation en donnant une nouvelle vie aux voitures d’occasion ;
  • La nouvelle génération de My Link, un système d’infodivertissement avec des services Google intégrés.

Dans les cinq prochaines années, le groupe prévoit de lancer 24 véhicules et au moins 10 véhicules électriques. Dans ses objectifs, Renault entend bien se positionner sur la vague des nouvelles technologies, notamment grâce à une collaboration avec Google. D’ici à 2025, la marque devrait être composée à 35% d’hybrides et 30% d’électriques. Seulement, cela aura un prix et il faudra s’attendre à une augmentation du budget avec 7 000€ de plus sur l’addition par véhicule. Renault prévoit également de produire 3,1 millions de véhicules en 2025 et de se concentrer sur les marchés « à fortes marges », notamment en Amérique latine, en Inde et en Corée, et de renforcer sa présence en Espagne, au Maroc, en Roumanie, en Turquie et en Russie.

La R5 est de retour en électrique

Lors d’une conférence de presse, Renault a dévoilé les premières images d’une nouvelle version de la célèbre R5, star des années 70. La R5 avait été commercialisée entre 1972 et 1985, puis jusqu’en 1996 avec une deuxième génération, avant de laisser sa place à la désormais indétrônable Clio.

Le prototype de cette R5 électrique incarne la vision du futur de Renault. Le ton est donné : entre nostalgie et modernisme, plus besoin de choisir. Elle marque l’intention de Renault de faire de la voiture électrique du futur une voiture « joyeuse, fougueuse et accessible ». Si dans l’esthétisme du prototype on retrouve les détails de la version originale, c’est sous le capot que se passe la Renaulution avec un moteur 100% électrique, et dans l’habitacle avec une technologie multimédia de pointe. Elle sera de retour sur nos routes mais en « voiture électrique à un prix accessible à tous« , a précisé Luca De Meo.

Mobilize, la marque de la mobilité

Renault va également développer Mobilize, une nouvelle marque axée sur les services de mobilité, la mobilité urbaine durable. L’idée : recycler le concept de la Renault Twizy et proposer des solutions matérielles ou logicielles au service de la mobilité. La directrice générale adjointe du groupe, Clotilde Delbos, a précisé que Mobilize allait proposer quatre véhicules adaptés aux automobilistes qui ne « veulent plus acheter de voiture » : un véhicule à deux-places et la Dacia Spring, un nouveau véhicule développé pour les VTC, et un autre pour la livraison du « dernier kilomètre ». Objectif de Mobilize : générer 20% des revenus du groupe d’ici à 2030 via des partenariats et des nouvelles solutions de financement, comme l’abonnement. Mobilize proposera des services de mobilité, d’énergie et de données à d’autres marques et partenaires, en s’appuyant sur les meilleurs écosystèmes ouverts.

 

Dacia et Lada, les piliers de la Renaulution

Les marques économiques Dacia et Lada vont réduire leurs gammes en passant de 18 types de carrosserie à 11. Sept modèles seront lancés d’ici à 2025, dont un SUV Dacia, la Spring, une citadine électrique prévue pour être la moins chère du marché en Europe, deux nouvelles Lada Niva et le Bigger Duster, robuste 4X4 emblématique de l’industrie automobile russe. Ce dernier va permettre à Dacia d’entrer dans le segment C des SUV. Son design robuste et moderne, son habitacle spacieux et son prix attractif devraient donner un rival sérieux à la concurrence. Pour Alejandro Mesonero-Romanos, Directeur du Design Dacia, « Dacia Bigster Concept incarne l’évolution de la marque. Essentiel avec une touche de fraîcheur et un esprit outdoor. Il prouve que l’accessibilité n’est pas opposée à l’attractivité. Chez Dacia, nous en sommes convaincus, et cette voiture en est la preuve. » 

Par ailleurs, une nouvelle approche technique s’axe sur la plateforme CMF-B qui permet de passer de 4 à 1 seule plateforme pour les deux marques. Le directeur Général de Dacia-Lada précise que « Dacia sera toujours Dacia et va continuer de proposer des modèles fiables et qui font sens pour les clients, l’achat malin au meilleur rapport prix-valeur. Avec la création de la business unit Dacia-Lada, nous allons exploiter au maximum la plateforme modulaire CMF-B, renforcer notre efficacité et accroître encore la qualité, la compétitivité et l’attrait de nos produits. Nous avons ainsi toutes les cartes en main pour aller vers de plus hauts sommets. Bigster Concept en montre le chemin. » 

La philosophie du low-cost est revue pour continuer à séduire le plus grand nombre dans les cinq années à venir.

 

Alpine aussi a le droit à sa Renaulution

Alpine, la marque de voitures de sport du groupe français va également connaître un nouvel avenir. La volonté du groupe est de faire d’Alpine une branche sportive à part entière de Renault. La marque va regrouper Alpine Cars, Renault Sport Cars et Renault Sport Racing. Si Alpine a connu une renaissance difficile au sein du groupe Renault, Luca De Meo y croit encore et n’entend pas laisser sa marque historique et sportive au garage. Jusqu’à présent, il y avait Alpine Cars, qui construit l’A110, Renault Sport Cars, connu pour la Renault Mégane R.S., et Renault Sport Racing, qui comprend l’équipe de F1. Ces trois noms se fondent maintenant en une seule grande branche sportive sous le nom d’Alpine.

Alpine va également passer à l’électrique. Trois modèles ont déjà été annoncés : une voiture de sport compacte sur la plate-forme CMF-B EV de l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, un crossover électrique sur la plate-forme CMF-EV de la Nissan Ariya et un successeur tout électrique de l’Alpine A110, qui est développé en collaboration avec Lotus. Alpine sera aussi présente dans le sport automobile et notamment en Formule 1.

 

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