Transformer sa voiture thermique en électrique

Rétrofit ou comment convertir sa voiture thermique en électrique ?

Vous possédez une vieille voiture et il est hors de question pour vous de la mettre à la casse ? Une solution : le rétrofit. Transformer son véhicule essence ou diesel en électrique est désormais possible. Explications.

Se mettre au vert et ne pas perdre sa vieille voiture, voilà qui est désormais possible en France grâce au rétrofit. Si bon nombre de pays européens autorisent déjà cette pratique, dans l’Hexagone, elle était jusqu’ici interdite. Le 3 avril dernier, un arrêté ministériel fixant le cadre réglementaire a été publié concernant la conversion des véhicules thermiques en véhicules électriques. Son entrée en vigueur était effective dès le lendemain.

Qu’est-ce que le rétrofit ?

En anglais, « retrofit » signifie « rénover » ou « moderniser». Il s’agit de transformer une voiture thermique, qui roule à l’essence ou au diesel donc, en voiture électrique. Le rétrofit électrique des véhicules est autorisé dans 25 pays, dont certains européens. Il repose sur une économie circulaire qui évite l’achat de voiture électrique neuve et favorise le recyclage des voitures anciennes encore en état de rouler. Cela fait faire des économies conséquentes à l’acheteur et crée du travail pour les garages français.

Le rétrofit électrique se fait avec une alimentation du moteur provenant d’une batterie de traction ou d’une pile à combustible hydrogène. La conversion doit être effectuée par un professionnel établi en France et habilité par un fabricant de kits rétrofit. L’agrément de l’installateur est valable 2 ans, et ce professionnel de l’automobile ne peut employer que du matériel homologué par le fabricant lui permettant d’exercer la conversion.

Un fois transformé, le véhicule reçoit un « agrément prototype » délivré par le Centre national de réceptions des véhicules. Une plaque de transformation est apposée sur l’engin converti, à côté de celle du constructeur. Elle reprend le nom du fabricant du kit, le numéro VIN du véhicule, celui de réception de l’agrément de prototype, ainsi que le motif « conversion de la motorisation en électrique ». La démarche effectuée, le propriétaire peut repartir avec une garantie.

Quels véhicules peuvent être convertis ?

Cette pratique de transformation du moteur en électrique et des batteries peut s’appliquer à tous types de véhicules. Cependant, il est évident qu’il vise surtout les vieilles voitures et les voitures polluantes. Autre critère : la puissance de la voiture ne doit pas dépasser celle affichée lors de l’homologation.

Sont acceptés pour une conversion électrique les véhicules à motorisation thermique, à allumage commandé ou à compression, des catégories M (engins comptant au moins 4 roues et conçus pour le transport de passagers : voitures particulières, minibus, autobus y compris les modèles articulés, autocars, etc.) et N (véhicules conçus pour l’acheminement de marchandises et ayant au moins 4 roues : utilitaires légers, camions de tous tonnages) de plus de 5 ans à la date de conversion. Le délai est de 3 ans pour les engins qui entrent dans le groupe L (véhicules motorisés à 2, 3, ou 4 roues : cyclomoteurs, motos avec ou sans side-car, quadricycles divers, etc.).

Des modèles plus récents peuvent être transformés si le fabricant du dispositif de conversion reçoit un accord du constructeur. Les véhicules immatriculés en collection et les engins agricoles sont exclus du dispositif.

Que dit la loi ?

L’arrêté sur le rétrofit entre dans la loi Mobilités, entrée en vigueur fin 2019, qui acte l’ouverture du marché du rétrofit électrique en France. L’homologation des voitures converties à l’électrique est donc désormais possible, avec un assouplissement de la loi de 1954 qui prévoyait un passage aux mines (expertise par un ingénieur des mines). L’association AIRe (Acteurs de l’Industrie du Rétrofit électrique), avec son co-président Arnaud Pigounides, a travaillé en collaboration avec le ministère des Transports et l’UTAC (en charge de l’homologation des voitures) pour rendre le rétrofit possible. L’association AIRe a été créée pour « faire connaître auprès des autorités publiques, du monde économique et du grand public les intérêts multiples de la transformation des véhicules thermiques en électriques ».

L’arrêté prévoit dans 2 ans un bilan de l’activité générale de la conversion électrique afin d’évaluer si des modifications doivent être apportées au texte entré en vigueur ce samedi 4 avril 2020. D’ici là, un premier rapport devra être fourni au plus tard le 31 décembre 2021, puis tous les ans, par les fabricants des kits au directeur général de l’énergie et du climat. Le document devra indiquer : le volume des transformations réalisées depuis l’homologation du fabricant, le nombre d’installateurs habilités ayant effectué les conversions, les retours de la clientèle au titre de la garantie avec motif du mécontentement et l’issue du problème. Un questionnaire de satisfaction sera également envoyé au bout de six mois à tous les clients  ayant opté pour la transformation de leur véhicule, et le bilan devra apparaître dans ce rapport. Ces retours permettront au législateur de se faire un avis éclairé sur cette nouvelle pratique et voir si elle tient ses promesses.

Combien ça coûte ?

L’achat d’un véhicule, notamment électrique, reste cher en France, c’est un fait. Ainsi, le rétrofit peut être une alternative intéressante. Le prix moyen d’un rétrofit auto se situe entre 10 000€ et 20 000€. Celui-ci va notamment dépendre de la capacité de stockage de batterie souhaitée. Mais l’industrialisation du rétrofit et les subventions de l’État pourraient permettre de faire baisser ce coût, qui avoisinerait alors les 5 000€ pour des voitures comme la Renault Twingo, la Fiat 500, la Peugeot 107 et la Volkswagen Polo, selon le fondateur de Transition-One. Des aides rendant le rétrofit plus accessible et plus populaire permettraient ainsi de développer le marché de l’électrique en France. Il faudra également que le nombre de bornes de recharge sur le territoire français suive…

Du pour et du contre

Si la proposition de passer son véhicule diesel ou essence à l’électrique est bien alléchante, comme dans toute pratique, il y a des bons et des mauvais côtés.

Les avantages

  • Cette pratique permet de prolonger la vie des véhicules ;
  • Il s’agit d’une démarche verte tant par le fait de rouler en électrique que de mettre au goût du jour de l’ancien ;
  • Le retrofit élargit l’accès à l’électrique au plus grand nombre. Les véhicules électriques neufs étant encore chers et peu abordables ;
  • Les cyclomoteurs, motos avec ou sans side-car, quadricycles divers comme les voitures sans permis sont aussi concernés par le rétrofit. Le délai de conversion passe alors à trois ans ;
  • La transformation est encadrée, limitant ainsi les fraudes et mauvaises pratiques. Il faut au préalable qu’un fabricant de kits mette au point son système, avant de nommer un réseau d’installateurs dont l’agrément accordé sera valable deux ans. Ces derniers ne peuvent utiliser que le kit certifié non pas par l’État mais par le fournisseur lui-même ;
  • Toutes les pièces du kit sont identifiées par un marquage. Il sera alors possible de remonter jusqu’au fournisseur, si nécessaire. La délivrance d’un certificat de conformité par le fournisseur de kits permettra ensuite au propriétaire du véhicule d’obtenir, auprès de la préfecture, un certificat d’immatriculation modifié en conséquence. La traçabilité est bien organisée.

Les inconvénients

  • Homologation à titre isolé : le retour d’informations sur le rétrofit est géré par le directeur général de l’énergie et du climat et non avec le ministère des Transports, même si toute transformation apportée à un véhicule devra être visée par les laboratoires de l’UTAC ;
  • La fiabilité : bien que le décret fixe un cadre et assure une validation technique sérieuse (UTAC), les installateurs ne peuvent pas maîtriser l’adaptation de tous les véhicules dans l’immédiat. De même, la fabrication de certains systèmes ne pourra pas mobiliser autant de moyens et être supervisée de la même manière que chez un grand constructeur.
  • La performances et l’autonomie : la puissance du véhicule ne doit pas dépasser en électrique la puissance fournie par le moteur thermique d’origine. Le poids est aussi limité avec, par rapport au véhicule initial, une tolérance à vide de 20 % en plus ou en moins et de 10 % en charge. La répartition des masses entre les essieux ne pourra pas différer de plus de 10 % par rapport au véhicule d’origine. Le nombre de batteries est de fait limité, tout comme l’autonomie. Celle-ci devrait tourner autour de 70 ou 80 km.
  • Le prix : à ce jour, la transformation reste chère ne connaissant pas encore les aides et subventions qui seront accordées par l’Etat. Le coût final de la voiture peut ainsi dépasser de beaucoup sa valeur réelle.

Le Rétrofit a de l’avenir

Des sociétés voient le marché du rétrofit comme une aubaine et une technologie d’avenir. Ainsi, Oscaro ou encore le groupe Mobivia sont très investis dans le secteur. Le gérant de Retrofuture affiche un objectif de 360 000 voitures transformées en cinq ans, soit 1% du parc automobile. Le chiffre d’affaires serait de 5 milliards d’euros et générerait 40 000 emplois en France. Pour faciliter le développement de cette nouvelle pratique, les professionnels de l’Automobile espèrent que le rétrofit électrique entrera dans le cadre du bonus écologique pour obtenir des aides.

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5 commentaires pour “Rétrofit ou comment convertir sa voiture thermique en électrique ?

  1. L’état là dedans…. pour l’instant il gère encore le covid, alors pour des primes attention les impôts

  2. je cherche une formation dans ce domaine mais je ne trouve pas.A la base je dispose d’un CAP mécanique auto véhicule particulier et d’un CAP électrique et électronique en équipement embarqué.

  3. Bonjour,
    Je possède une berline Jaguar XJ6 qui a maintenant 15ans (carrosserie aluminium) et qui est en super état et seulement 125.000km. Aussi, comme elle ne vaut plus grand chose, je souhaiterai la transformer en électrique.
    Donc, combien cela me couterait-il et quelle serait approximativement son autonomie kilométrique à la vitesse de 90km/h, car je ne l’utilise plus sur autoroute.
    Par avance, un grand merci.

    1. Tout d’abord félicitations pour ce modèle bien élégant ! Concernant la transformation, nous ne sommes pas en mesure de vous donner un tarif, je vous invite à vous adresser à des professionnels pour obtenir des devis. Avec 125.000 km au compteur, la mécanique a encore de belles heures devant elle, qu’est ce qui vous motive à vouloir la transformer à l’électrique, uniquement sa faible cote ?

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