L’avenir de l’automobile s’écrit aujourd’hui et l’on voit depuis plusieurs années maintenant des solutions « alternatives » aux voitures essence et diesel se développer. C’est le cas notamment des motorisations hybrides et électriques, qui ont connu en 2020 un fort engouement. Mais pour autant, les moteurs classiques n’ont pas dit leur dernier mot. Ils pourraient même contribuer à la décarbonisation progressive de l’automobile grâce à l’arrivée des carburants de synthèse. Un projet avec de forts enjeux dans lequel Porsche s’investit. Explications.
Les carburants de synthèse, nouveau cheval de bataille de Porsche
Il semble loin le temps où le constructeur allemand avait une approche presque artisanale, avec un volume de véhicules assemblés chaque année très limité. Il y a maintenant un peu plus de 20 ans, Porsche a entamé un virage décisif dans son histoire en se lançant dans la production de son premier SUV, le Cayenne. Un succès commercial qui a permis à la marque de perdurer. Récemment, c’est l’abandon du diesel et le lancement de modèles 100 % électriques (comme la Taycan) qui continuent de faire du constructeur un pionnier. Et si la nouvelle décision stratégique de Porsche concernait cette fois les carburants de synthèse ?
Avec un parc en circulation atypique composé de modèles récents mais aussi anciens chouchoutés par leurs propriétaires, Porsche est un constructeur associé à une certaine idée de la passion automobile. L’ADN du constructeur est intimement lié avec le sport automobile et notamment les 24 Heures du Mans. Mais cette sportivité et le recours aux carburants d’origine fossile n’est désormais plus d’actualité. À moins de produire des carburants alternatifs !
La montée en puissance des e-carburants
Dans la grande famille des carburants de synthèse, il existe les biocarburants et les e-carburants. Les derniers nommés sont fabriqués à partir d’eau et de CO2, combinés pour disposer de molécules de base pour carburants (à savoir l’hydrogène et le monoxyde de carbone). En utilisant une source d’énergie durable, et en produisant ce carburant de synthèse sans recours aux énergies fossiles, on peut disposer alors d’une solution durable.
Simple sur le papier, mais le processus d’élaboration est complexe. Le principal problème provient de l’énergie nécessaire à la production de ces carburants plus propres. C’est ce qui explique que les grands projets dans ce domaine reposent sur des sites de production implantés dans des zones avec un bon ensoleillement ou une forte exposition au vent. Le but est de profiter du solaire ou de l’éolien pour que ce carburant propre ne soit pas « plombé » par une utilisation massive d’énergie.
Porsche a initié un programme en partenariat avec Siemens Energy, AME, Enel et la compagnie pétrolière chilienne ENAP. Au Chili, une gigantesque usine profitant de l’énergie éolienne espère produire 550 millions de litres de « eFuel » à horizon 2026. Dès 2022, ce sont environ 130 millions de ce carburant inédit qui vont être produits. Les premières applications sont prévues en compétition. Porsche entend utiliser cette production verte pour ses différents programmes sportifs dans les courses du monde entier (et notamment son retour en prototype en catégorie LMDh). Ensuite, rien n’exclut une généralisation à tous les types de véhicules et notamment aux moteurs existants.
Les carburants de synthèse, plus coûteux à produire, pourraient avoir un prix de revient deux fois plus élevé que les carburants classiques. Mais avec une réduction drastique des émissions de CO2 et la possibilité pour l’utilisateur final de conserver sa voiture sans émettre de particules, ces e-carburants pourraient faire l’objet d’une taxation réduite. À suivre. D’autres constructeurs sont déjà lancés sur des projets similaires à l’image de Mazda qui vient de rejoindre l’Alliance eFuel.