Quel est votre degré de dépendance à votre voiture ? Les transports en commun sont vantés pour sortir du « tout bagnole » et contribuer à construire la mobilité de demain. Les vélos ont trouvé un regain d’intérêt marqué depuis les confinements liés à la crise sanitaire du Covid-19. Mais la voiture reste le mode de déplacement privilégié des Français. Pourtant, son coût important est un vrai frein, une limite qui peut pousser les utilisateurs à réduire son usage. Un équilibre est aujourd’hui à trouver entre coût et besoin de voiture.
La dépendance forte des Français à leur voiture
Nous sommes fortement dépendants de l’automobile. Malgré des politiques incitatives pour nous tourner vers les transports en commun ou les solutions douces et non polluantes, malgré les efforts pour connecter domicile et travail, ville et campagne, la voiture continue d’occuper une place centrale dans les foyers. C’est la conclusion d’une étude menée par Ipsos pour l’Observatoire E.Leclerc des Nouvelles Consommations. On y découvre des chiffres qui permettent de mettre une réalité sur la « société du tout voiture » dans laquelle nous vivons.
- 86 % des Français se déplacent au moins une fois par semaine en voiture ;
- Ce chiffre bascule à 95 % en milieu rural et dans les zones urbaines de moins de 20 000 habitants. Il est à l’inverse plus faible dans l’agglomération de Paris (68 %) et en Île-de-France (71 %) ;
- 42 % des Français ont un usage quotidien de leur voiture ;
- 9 Français sur 10 possèdent au moins une voiture dans leur foyer, avec un taux d’équipement important dans les zones rurales et les petites villes (97%). 60 % de ces ménages ont d’ailleurs deux voitures. À l’inverse, 22 % des Parisiens seulement sont propriétaires d’une auto.
Tous ces chiffres confirment la part centrale que prend la voiture dans les déplacements que nous effectuons. Une place qui pourrait changer, car en se référant aux chiffres de ventes annuelles, la tendance est à la baisse. Ainsi, selon les données communiquées par le comité des constructeurs français d’automobiles (CCFA) et AAA Data, les ventes aux particuliers baissent et ne représentaient en 2019 qu’environ 982 000 ventes sur les 2 173 000 immatriculations. Entre 2012 et 2015 déjà, un fléchissement lié à la crise économique pouvait être constaté. La barre des 2 millions de véhicules vendus par an ne devrait désormais plus systématiquement être franchie, la baisse s’amorce.
Le coût important d’usage et de propriété d’une voiture
Paradoxe de la situation actuelle, les Français sont mordus de leur voiture, mais ils sont près de la moitié à vouloir réduire son usage. 56 % des personnes vivant à la campagne ou dans de petites communes souhaiteraient moins avoir recours à leur auto au quotidien notamment pour une raison de coût, mais également pour mieux respecter l’environnement. Ce second motif cité est d’ailleurs la priorité des franciliens et plus globalement des habitants des agglomérations de plus de 100 000 habitants.
Ne pas avoir systématiquement le réflexe d’utiliser sa voiture lorsque cela est possible, ce sont avant tous les jeunes qui en expriment l’envie. Ils sont 57 % à vouloir faire cet effort dans la catégorie des 18 à 34 ans, seulement 41 % au-delà de 60 ans.
Rappelons que le coût moyen d’une voiture chaque année est estimé à un peu plus de 6 000 €. Ce chiffre, issu d’études menées par l’ACA (Automobile Club Association, Budget de l’Automobiliste) comprend l’achat, les frais financiers, l’assurance, l’entretien, les péages et le carburant.
- Ce sont les frais liés à l’achat, lissés sur la durée de propriété de la voiture, qui représentent la part la plus importante. Jusqu’à 40 % et même plus ;
- Les frais liés au stationnement et/ou à la possession d’un garage comptent pour 10 % du budget ;
- L’entretien du véhicule représente en moyenne 15 % du budget annuel ;
- Les frais de carburant représentent selon l’usage environ 15 %. Ils peuvent évidemment grimper bien plus et influer sur les autres postes pour les gros rouleurs ;
- L’assurance elle aussi pèse pour une part importante du budget automobile annuel. 10 %, variable selon le modèle et la couverture assurancielle choisie.
Sachez que plusieurs études ont montré que le budget automobile n’est pas uniforme sur tout le territoire. En effet, les dépenses sont en général plus élevées en région PACA, en Île-de-France et en Occitanie. À l’inverse, c’est dans le Grand Est, dans les Hauts de France et en Bretagne que le coût est le plus faible. Cette disparité s’explique notamment par le coût du foncier qui influence selon les régions le prix d’achat d’un garage ou la location d’un box ou d’une place. C’est aussi l’assurance auto qui, selon la fréquence des vols et la sinistralité à l’échelle locale, peut varier énormément.
Les alternatives pour remplacer sa voiture
Conscients que la voiture leur coûte énormément chaque année, soucieux d’en réduire l’usage par soucis financiers et écologiques, les Français jugent qu’ils n’ont pas assez d’alternatives. 43 % des Français vivant à la campagne considèrent qu’il n’existe aucune solution alternative contre 17 % de ceux qui vivent dans une agglomération de plus de 100 000 habitants. La fracture est marquée.
L’usage des véhicules qualifiés de propres, c’est-à-dire des véhicules électriques ou hybrides, continue de progresser. Si leur part de marché atteint désormais un quart des immatriculations neuves, leur diffusion sur l’ensemble du parc reste limitée. Environ 6 % actuellement. Amenés à se généraliser avec la disparition progressive des véhicules équipés d’un moteur thermique, ils ne devraient pas toutefois connaître des chiffres de vente record… car leur détention ne résout pas le problème du coût !
Alors, quelles sont les alternatives recherchées par les automobilistes français ? Toujours selon les données compilées par l’Ipsos, 24 % des personnes interrogées (et même 30 % dans les villes moyennes) plébisciteraient des voitures électriques en libre-service, et 18 % opteraient pour de la location moyen terme, si ces alternatives leur étaient proposées.
En remplacement de la voiture, ce sont aussi les vélos, les trottinettes et les scooters électriques qui intéressent 25 % des sondés. Et le vélo traditionnel, dépourvu d’assistance électrique ? Il est mentionné par un tiers des 18 à 34 ans comme alternative à la voiture thermique pour devenir le compagnon d’usage quotidien.
De toutes les solutions alternatives aux déplacements que nous venons d’évoquer, une a été oubliée et constitue pourtant la réponse la plus citée spontanément : la marche à pied. Bonne pour la santé, facile à pratiquer et souvent adaptée pour de courts déplacements, la marche à pied à ses adeptes et séduit toujours de plus en plus de pratiquants. On estime qu’actuellement en France, 13 millions de personnes pratiquent le running, le trail… ou la marche. Il s’agit d’ailleurs de l’activité physique ou sportive la plus pratiquée par les femmes et les hommes, en proportion plus ou moins égale.
La volonté est là, mais alors, pourquoi ne se traduit-elle pas par une revente massive des voitures actuellement possédées et une adoption de solutions moins coûteuses ? Car les Français ont peur. Peur de perdre leur liberté de déplacement. La voiture possède pour eux un côté pratique, elle est d’ailleurs souvent indispensable pour se déplacer en milieu rural. La location possède toujours une image dégradée, jugée peu pratique et avec des prix élevés. Mais de nouvelles solutions devraient arriver sur le marché et convaincre les Français de basculer. Le virage est déjà opéré dans l’esprit de nombreux automobilistes. Car ils sont moins de 20 % à déclarer aimer conduire. Alors, si même le plaisir de se retrouver derrière le volant n’est plus là, le monde de la voiture telle que nous le connaissons est bien amené à être réinventé.