Avec plus de 600 000 visiteurs et pas moins de 150 voitures présentées en avant-première européenne, le « Geneva Motor Show », c’est-à-dire le Salon de l’automobile de Genève, s’affirme toujours comme un rendez-vous incontournable sur la scène mondiale. La France, notamment, y était bien représentée au milieu d’un ballet de supercars, de SUV et de voitures préparées… Retour sur cette édition 2019 du Salon de Genève et les éléments à retenir.
Les petites françaises à l’honneur
Si dans les rangs des constructeurs français, on pouvait regretter l’absence d’Alpine et de DS Automobiles, Renault et Peugeot ont animé le salon avec deux premières mondiales. En effet, la Renault Clio de cinquième génération, ainsi que la toute nouvelle Peugeot 208, ont été présentées pour la première fois. Lorsque l’on sait qu’il s’agit des deux voitures les plus vendues en France, on mesure à quel point leur présentation est capitale.
La première nommée, la Clio 5, possède une approche relativement conservatrice. Extérieurement, cette nouvelle génération n’est pas en rupture totale avec celle actuellement en vente en concession. C’est à l’intérieur que la révolution est plus marquée, avec une montée en gamme au niveau de la qualité des matériaux et une instrumentation digitale plus importante. Renault a confirmé l’arrivée d’une version hybride pour cette Clio 5 dès 2020.
Du côté de Peugeot, la nouvelle 208 prend un peu plus la confiance et devient plus grande en taille pour mieux affronter la Clio. Elle possède désormais le même gabarit et un dessin qui tranche un peu plus avec la génération actuelle. Surtout, la nouveauté provient de la version totalement électrique, la e-208. Alors que Peugeot a longtemps travaillé sur l’hybridation, la petite citadine devient une voiture zéro émission avec une autonomie promise de 340 km (cycle WLTP). La e-208 sera à coup sûr un futur succès commercial sur le segment des citadines électriques.
Petit bémol au sujet de Citroën. La marque française fête en 2019 ses 100 ans et cette commémoration était au cœur de son stand. Toutefois, cet anniversaire ne permettait pas de masquer une dure réalité : aucune actualité à se mettre sous la dent pour la marque aux Chevrons.
L’hybridation comme axe fort
La Salon de l’automobile de Genève a été l’occasion de voir une vague de nouveaux modèles électriques ou hybrides faire leur arrivée. Pour s’en convaincre, il suffit de voir les propositions de Audi et BMW. Le premier SUV électrique Audi, l’e-tron, trônait fièrement sur le stand de la marque aux anneaux avec le concept Q4 e-tron, annonciateur d’un modèle prévu pour la fin de l’année 2020. Audi avait sorti de nombreux modèles en version hybride rechargeable avec les A6, A7, A8 et Q5 toutes badgées TFSI e quattro.
Chez le rival BMW, un inédit X3 hybride-rechargeable était présent, à savoir le X3 xDrive30e doté d’un moteur 2.0 litres essence de 184 ch associé à un bloc électrique de 68 ch. La BMW 330e était également exposée, avec le même moteur et un bloc électrique plus discret, avec une puissance de 41 ch. BMW 745e, 530e et 225xe Active Tourer, l’offre hybride rechargeable était omniprésente sur le stand de la marque à l’hélice… faisant oublier les modèles conventionnels !
Les SUV, toujours rois !
L’édition 2019 du salon restera aussi celle du paradoxe. Alors que l’électrification et l’hybridation est partout, et que les voitures plus propres déclenchent de vrais coups de cœur parmi les visiteurs, les SUV continuent d’occuper la majorité de l’offre. SUV et développement durable, voilà deux notions totalement contraires ! Mais les constructeurs doivent bien continuer de coller à la demande, ce qui explique la profusion de nouveaux modèles.
Alors, on peut citer l’arrivée chez Skoda du Kamiq, du Formentor pour le tout nouveau constructeur Cupra, ou encore du T-Roc en version R chez Volkswagen. Du côté de l’Asie, Mazda a présenté un modèle inédit, le CX-30, concurrent du Peugeot 3008. Ssangyong a présenté à Genève la quatrième génération du Korando (certes confidentiel sur nos routes), tout comme Subaru avec le concept de SUV coupé Viziv Adrenaline.
La bonne surprise de la catégorie des SUV, c’est du côté de l’Italie qu’il faut aller la chercher. Oui, le restylage du Mercedes GLC est agréable, tout comme le nouveau concept électrique Q4 e-tron d’Audi. Mais le coup de cœur du public et de la critique a été pour l’Alfa Romeo Tonale. Voilà un véhicule qui, présenté aujourd’hui à l’état de concept, s’avère séduisant et pourrait faire revenir le constructeur italien au sommet. Basé sur la Jeep Compass, le Tonale devra conserver tout ce qui fait son charme lorsqu’il basculera en version de production.
Le luxe et la sportivité au sommet en Suisse
Si le rendez-vous de Genève est traditionnellement un moment fort pour les constructeurs généralistes, il s’agit aussi toujours d’un écrin de choix pour des véhicules à vocation plus luxueuse et sportive. De ce point de vue, l’édition 2019 du Salon de l’automobile de Genève nous a permis d’en prendre plein les yeux.
Rolls Royce Cullinan, Porsche 911 Cabriolet, Lamborghini Huracan Evo Spyder, Ferrari F8 Tributo ou encore la Bugatti La Voiture Noire… le spectacle était présent partout. Les constructeurs haut de gamme et sportifs ont joué le jeu en présentant certaines voitures essentielles pour eux. La Lamborghini Huracan Evo Spyder avec sa teinte verte caractéristique ne passait pas inaperçue. Son V10 atmosphérique 5.2 d’une puissance de 640 chevaux et un couple de 600 Nm détonne à l’heure où les motorisations électriques deviennent la norme. La Ferrari F8 Tributo aussi incarne cette démesure et cette intemporalité. La remplaçante de la 488 GTB avec le moteur de la 488 Pista dispose d’un V8 biturbo de 720 chevaux. Irrationnel ? Intemporel, on vous le dit !
Bien entendu, on pouvait également retrouver dans les allées du salon des voitures encore plus puissantes comme les Pininfarina Battista (1 900 ch) ou la Koenigsegg Jesko (1 600 ch et une vitesse maximale visée de 500 km/h), et découvrir les créations de certains préparateurs. Un joli mélange des genres, une marque de fabrique qui fait de Genève un moment fort du début d’année.
Mais le salon prépare pour 2020 un véritable changement. En effet, Genève veut évoluer et devenir un véritable salon de la mobilité plus qu’un salon de l’automobile. Cela passera notamment par de nouveaux exposants, mais aussi un format plus court, étalé sur moins de 10 jours. En 2019, Opel, Volvo, Hyundai, Ford mais aussi Jaguar, à la dernière minute, ont déserté le salon. À un moment crucial de son existence, le « Geneva Motor Show » doit se remettre en question pour continuer d’être un lieu de présentation et d’innovation fort pour l’automobile de demain. La fréquentation en baisse de 9% est un signe du déclin (passager) de l’intérêt du public… À moins d’avoir une vision mobilité connectée et globale. Genève connaît son défi.