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Nouvelles normes automobiles : vers une diminution massive des immatriculations de véhicules neufs ?

Nous vivons une période charnière dans le monde de l’industrie automobile. Le point de bascule vers l’électrification des gammes des différents constructeurs est atteint. Tous ne peuvent plus rester figés et conserver les bons vieux moteurs thermiques. Les évolutions législatives successives poussent les constructeurs à proposer des voitures toujours plus propres. Mais les nouvelles normes attendues à partir de 2020 pourraient venir casser nettement la dynamique des ventes. Faut-il s’attendre à une baisse massive des immatriculations de véhicules neufs, avant une reprise portée par l’électrique et les motorisations alternatives ?

La norme WLTP a fait bondir le nombre d’immatriculations de voitures neuves en 2018, avant une stabilisation en 2019

Le dispositif WLTP (pour Worldwide Harmonised Light Vehicle Test Procedure) est arrivé en 2018. Il est le nouveau système de mesure des émissions des véhicules en circulation. En réalité, ce nouveau cycle est très complet, s’intéressant lors de tests en laboratoire à la consommation de carburant, mais aussi aux émissions de CO2, de particules, d’oxydes d’azote (NOx) et d’autres substances nocives.

WLTP a pris le relais du NEDC (New European Driving Cycle), utilisé depuis les années 1990. Ce nouveau système se veut bien plus en phase avec la réalité… Et il vient en France sanctionner les véhicules les plus polluants avec un malus écologique. Car oui, la hausse des émissions de CO2 généralisée liée au nouveau cycle d’homologation WLTP fait basculer de nombreuses voitures à un niveau de malus plus important que par le passé. À partir du 1er janvier 2020, le nouveau barème du malus écologique va donc alourdir la fiscalité de nombreux modèles, jusqu’ici pas ou peu concernés.

Afin d’anticiper l’arrivée de cette nouvelle norme, à l’été 2018 les constructeurs ont accordé des rabais importants sur certains véhicules déjà en stock. Ils ont également multiplié les immatriculations auprès de leurs concessionnaires pour disposer d’un stock à écouler, et ne pas subir de problèmes liés à l’homologation dans leur approvisionnement.

Ainsi, les ventes de voitures neuves ont été en forte progression en septembre 2018. On note une augmentation de 40 % en France, notamment avec le groupe Renault (dont Dacia, Lada, Alpine) en hausse de 15,5% en juillet 2018, et de 57,8% en août 2018 par rapport à la même période l’année précédente[1]. En 2019, avec l’introduction désormais digérée de la nouvelle norme WLTP, les ventes se sont stabilisées. Les fortes progressions totalement artificielles réalisées par les constructeurs avant la rentrée 2018 ont été compensées par des volumes bien plus faibles à la fin de l’année.

Aujourd’hui, sur les neuf premiers mois de l’année 2019, le nombre d’immatriculations en France est en recul de 1,28% avec 1 641 372 de véhicules neufs vendus. Idem pour les immatriculations en Europe. Le recul est légèrement plus marqué, à 1,6%, soit un total de 12 115 927 unités vendues[2].

Le nouveau barème du malus écologique va-t-il définitivement enterrer les voitures essence et diesel ?

Le barème du malus écologique va évoluer en 2020 en deux temps. Entre le 1er janvier et le 31 mai inclus, un premier barème transitoire sera mis en place. Il disposera de seuils abaissés (le déclenchement du malus ne se fera plus à 117 mais à 110 g de CO2 par kilomètre).

Ensuite, l’entrée en lice dans un second temps (à partir du 1er juin 2020) du barème basé sur le système d’homologation WLTP va venir encore augmenter la fiscalité liée à l’achat d’une voiture neuve. Là, le barème va encore évoluer, et le malus écologique va venir grever fortement le prix d’achat de certaines voitures. À véhicule identique, les émissions de gaz retenues vont augmenter d’un quart (24,8 % en moyenne).

« Pour un véhicule qui émet 140 g de CO2 par kilomètre, on va passer le malus de 690 à 1 901 euros. C’est une manière de dissuader les gens d’acheter des véhicules polluants » a expliqué Bruno Lemaire, Ministre de l’Économie et des Finances. Alors concrètement, certaines berlines familiales ou des SUV vont voir un nouveau malus écologique leur être affublé, en hausse parfois de plus de 1 000 €. Une solution efficace pour mieux orienter les consommateurs sur des voitures plus propres ? Pas tout à fait ! Les voitures équipées de la technologie hybride rechargeable ne sont pas mieux traitées que leurs homologues essence ou diesel classique. Le nouveau barème du malus écologique est donc très punitif, il ne fait pas de main tendue vers l’hybride rechargeable, pourtant jugée par certains comme la véritable solution de transition pertinente aujourd’hui.

Le diesel, moins émetteur de CO2 du fait de son fonctionnement, conserve un léger avantage en ce qui concerne l’application de ce barème du malus écologique. Alors, que choisir en 2020 ? Le diesel, qui attire pourtant de nombreuses critiques et semble cristalliser le débat autour de la qualité de l’air ? L’essence ?

L’électrique comme seule motorisation refuge

Les voitures électriques vont se multiplier sur les catalogues des constructeurs en 2020. Alors, en associant l’obligation des marques à étoffer leur gamme vers des modèles plus propres avec la contrainte financière toujours plus forte qui pèse sur les ménages, les voitures électriques pourraient bien être les grandes gagnantes. Peugeot e-208, nouvelle Renault Zoé, Honda E, Opel Corsa-e, Volkswagen ID.3, etc. En 2020, pour la toute première fois de l’histoire, les consommateurs auront accès à un vaste choix de modèles, une offre à la variété encore jamais atteinte.

Les constructeurs ont tous entamé le virage de l’électrique. Parfois en introduisant de manière timide l’électrique comme déclinaison pour un modèle. Ou dans d’autres cas, en réduisant l’offre de motorisation et en faisant disparaître presque en totalité le diesel.

L’heure est aux voitures électriques et le contexte fiscal devrait naturellement pousser les consommateurs à sauter le pas et à s’équiper. Pour le moment, rappelons que la part de marché des véhicules électrifiés est passée en France de 1,8 à 2,1 % sur les premiers mois de l’année 2019. Mais les chiffres devraient totalement exploser en 2020, à l’image de ce que l’on peut voir déjà en Chine, aux États-Unis ou même chez nos voisins allemands. Les ventes de voitures électriques progressent de 20 % aux États-Unis, tandis que la hausse est de 41 % en Allemagne entre 2018 et 2019. Une « Elektro-Offensive » qui peut se décliner également dans l’Hexagone ? Oui, sauf si les consommateurs continuent d’être frileux à l’adoption de cette technologie, et repoussent encore un achat en préférant se tourner vers le marché de l’occasion.

Ah, l’occasion. Les ventes pourraient largement profiter des règles de plus en plus strictes pour l’immatriculation de voitures neuves. On a déjà pu voir une hausse sur les premiers mois de l’année 2019, et de nombreux consommateurs recherchent des occasions récentes (pour ne pas avoir à honorer le fameux malus écologique et ne pas subir directement la décote). Mais d’autres mouvements de fonds sont peut-être à attendre. Ainsi, si le diesel est relativement boudé en occasion, la demande pour des véhicules de plus de 10 ans est en hausse[3]

Alors, en 2020, le marché de l’automobile va-t-il embrasser la révolution électrique et permettre aux immatriculations de voitures neuves de se maintenir ou au contraire se replier ? Réponse dans les prochains mois.

[1] https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/automobile/comment-une-nouvelle-norme-plus-stricte-a-fait-bondir-le-marche-auto-europeen-cet-ete-790944.html

[2] https://www.usinenouvelle.com/article/a-qui-a-profite-la-croissance-des-ventes-de-voitures-neuves-en-europe-en-septembre.N894834

[3] https://www.autoplus.fr/actualite/Occasion-France-Diesel-Essence-Ventes-1542875.html

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